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CTI 60006 T-Rex

CTI 60006  T-Rex [2006]

Robogear est une ligne de "méchas" conçue par la firme russe Technolog. Ces engins font partie du système de jeu Robogear déjà analysé en détail dans les pages de Modelstories.

Les "méchas" sur pattes sont un domaine particulier de la SF. Apparus sur les jeux de tables, puis mis en scène dans divers dessins animés, ils ont progressivement gagné en popularité, notamment par le biais des jeux de simulation informatiques, tels "Mechwarrior-Battletech", "Massive Assault", "Dark Horizons: Lore"...
Réaliser une maquette du genre pour un prix raisonnable est depuis longtemps un vœu pieux, d'autant plus que les kits de "méchas" à pattes japonais de Bandai sont eux devenus des raretés. Ceux-ci convenaient si bien à l'amateur de Wargames futuristes qu'en fouinant un peu sur le net, on s'aperçoit avec surprise qu'il y a eu plus d'une fois  transfert de technologie entre séries animées et jeux de table.  Par exemple, le "Regult Pod" des Zentradi du dessin animé "Macross" a été absorbé en temps que "Marauder" dans les systèmes de jeu de bataille entre robots.

L'amateur de "méchas" doit bien souvent se tourner vers des pochettes de petites figurines en métal blanc dédiées aux jeux de tables, vendus en commerce spécialisé, ou casser sa tirelire pour s'offrir de grosses pièces en résine comme celles produites par l'artisan Armorcast. Tous ces objets, quel que soit leur taille, sont plus tournés vers la pratique des wargames que vers la maquette de vitrine et en conséquence sont conçus différemment des kits dont nous avons l'habitude. C'est ennuyeux si on ne désire pas se frotter à l'amélioration de kits en métal ou en résine.

La sortie des maquettes en injectés du jeu
Robogear ne pouvait donc manquer de retenir l'attention. Par référence aux célèbres mechwarriors des jeux vidéo, le modèle "T-Rex"  est particulièrement alléchant. Bien que l'aspect ludique mis en avant dans le packaging et la présentation du produit puisse engendrer un certain scepticisme, la qualité du moulage, le confort de montage et l'épaisseur respectable des robustes pièces du kit nous offrent une base de travail idéale pour bricoler une maquette du monstre mécanique "de la mort qui tue" dont nous rêvions depuis longtemps.

- OUVERTURE DE LA BOITE.

Ce qui surprend le maquettiste chevronné, c'est l'absence de faste dans la mise en boîte. Le produit est démocratique, donc on ne trouvera pas ici de luxueuse mise en scène à la japonaise, avec compartiments internes en carton blanc lustré, emballage en sachet séparé de chaque grappe, notice tout en couleur, etc.

Le kit est fourré en vrac dans la boîte, présentation minimale que d'autres producteurs européens semblent avoir adoptée. En fait, il n'y a pas de plan de montage, à part un éclaté au dos de la boîte, pas de planche de décalcomanies ni même d'autocollants, pas de notice de décoration pour la finition à la peinture, et, plus ennuyeux encore pour le maquettiste exigeant, pas de grappe transparente avec le sacro-saint "cockpit"...

Une carte à jouer synthétise les caractéristiques et l'armement de l'engin avec un système de points, mais la boîte individuelle étant un "add on" au
jeu Robogear, vous ne trouverez pas d'explication des règles de jeu, lesquelles sont fournies avec la grosse boîte de base... ou sur internet. Dans ces conditions, il est quand même  étonnant que le kit vendu séparément ne contienne pas de dépliant rappelant de manière attractive l'existence d'une gamme de produits complète. C'est pourtant censé être un jeu de "stratégie"...

Les pots de couleur.

Pour le prix de la boîte, vous héritez de trois pots de couleur assortis à "l'armée" dont fait partie l'engin. Dans le cas de mon T-rex, le résultat est plutôt terne, avec du gris bleu, du gris moyen et du gris sombre. Ces peintures ont néanmoins passé avec succès le banc d'essai. Diluées à l'alcool, elles se travaillent bien à l'aérographe. Elles ont un pouvoir couvrant très élevé et une fois sèches résistent bien aux manipulations. Cela fait une différence par rapport à un certain nombre de produits prestigieux qui donnent en fait un fini extrêmement fragile... Ces bons pots de couleur ne sont donc certainement pas des gadgets "à jeter". Par contre, le petit sachet de lances-suppositoires à ressort est écarté d'office!

Les grappes.

Le kit est composé de deux grappes moulées dans une couleur vive et métallisée qui fait grincer des dents par l'aspect de jouet qu'il donne à la maquette. Cependant, le moulage est bien détaillé, avec des reliefs bien appuyés, fantaisie oblige. Il y a peu de barbes sur les grappes, mais la conception reste très traditionnelle et aucun travail de réflexion n'a été fait pour que la trace des moules passe à des endroits discrets. Il faudra donc consacrer un certain temps à gratter et poncer pour faire disparaître la marque de moulage qui défigure certains détails mécaniques sur l'armement ou les pattes du monstre.

- MONTAGE.

Le montage se passe sans aucun problème. Les emboîtements sont simples et efficaces, le système de pivots ingénieux permet de garder les éléments de la maquette mobiles, voire de procéder à l'assemblage des sous-ensembles après finition par encliquetage. On appréciera ou pas l'aspect en tête de vis de certains pivots à encliqueter. Vous aurez donc le choix entre les cacher ou les laisser visibles. La colle n'est en fin de compte nécessaire que pour réaliser la soudure des demi-coquilles du corps principal. Et comme chacun le sait, le maquettiste chevronné fait une déprime s'il n'a pas passé toute une après-midi à poncer un joint sur un fuselage...

On constate très vite que le corps du modèle présente toute une série d'orifices qui servent à encliqueter divers accessoires. On peut apparemment créer différentes machines à l'aide de composants standardisés et interchangeables du jeu. Les trous inutilisés devront être comblés, mastiqués et poncés le moment venu.

- DETAILS ET MODIFICATIONS.

C'est ici que le fondu du plastique commence à prendre son plaisir. En effet, certains côtés du kit, nous l'avons dit, présentent une certaine tendance au métissage entre modèle réduit et jouet. En outre, bien que la forme du nez en crâne de saurien soit évocatrice, la machine à un peu l'air d'un petit canard qui fait pan-pan avec ses pétoires et ses lance-bidules collés directement au corps. Pour obtenir une maquette qui en impose, il faut donc intervenir. Quelques modifications sont nécessaires pour qu'il approche l'aspect du "MadCat" qui domine les Mechwarriors.

La découpe des gravures très laides qui figurent des grilles d'entrée d'air de chaque côté du museau demande un peu plus d'attention. Le plastique étant bien épais, j'ai pu sans difficulté couper le détail en relief à la scie rasoir puis affiner les tranchants des nouvelles entrées d'air à la fine lime. Voilà qui semble plus sérieux et donne de la profondeur à la maquette qui autrement ressemble un jouet die-cast. Il faut ensuite cloisonner le cockpit par l'intérieur à l'aide de carte plastique pour qu'on ne voie pas "au travers" de la maquette. Ces cloisons seront la base de l'aménagement du cockpit qui est à réaliser entièrement en scratch. En effet, le poste de pilotage est totalement vide, excepté un vague tenon qui doit servir à soutenir la figurine du pilote. Tableau de bord, siège, consoles, sont réalisés en carte plastique. Le harnais de sécurité est réalisé à partir de bandelettes de papier collant. Diverses poignées complètent le tout, réalisées en plastique étiré ou en tige métallique.

Le petit pilote est sommairement articulé et peut plier les jambes pour être glissé dans l'espace prévu. Ce personnage qui rappelle les jouets "Maître de l'Univers" tant par sa musculation hypertrophiée que par sa mobilité limitée bénéficie d'un moulage satisfaisant pour sa taille. Malheureusement, en tant qu'OGM, on se doit de le ranger dans la boîte à rabiot. Il n'est de toute façon pas possible de lui donner une pose réaliste ou de le caser dans un poste de pilotage aménagé, à moins de tronçonner bras et jambes en segments pour les modifier un par un...

L'engin a ensuite été caparaçonné par l'ajout de plaques de blindages espacées en carte plastique. Le mécha a une silhouette très haute. Il est donc un objectif de choix et les surfaces permettant les coups perpendiculaires ne sont pas les bienvenues.

Pour la finition, de petits trous sont forés, dans lesquels sont collés à la colle cyanoacrylate poignées, anneaux et crochets façonnés en fil de cuivre. Ce fil de cuivre est extrait des bobinages de moteurs électriques hors d'usage, lesquels sont récupérés sur des jouets dépareillés, des ustensiles électroménager, etc... Et pour terminer, des antennes radio sont confectionnées en plastique étiré et collées sur le modèle.

Des brouilleurs, lance-leurres et pots fumigènes sont ajoutés. Ces détails sont réalisés grâce à des pièces trouvées dans des stylos à bille de divers modèles. Les stylos à bille promotionnels de forme design qui sont parfois distribués dans les bureaux où les centres commerciaux sont à garder à l'œil, car certains sont très intéressants pour le maquettiste.

La modification la plus importante apportée à l'aspect du mécha est le montage de l'armement sur des bras mobiles. Ces bras peuvent être réalisés en glissant un tube articulé fourni avec les petits berlingots de limonade sur une tige solide, ou encore un enfilant un ressort de stylo à bille sur un morceau de grappe. Les  vieux  "bics" auront beaucoup donné dans ce projet! L'extrémité du segment de grappe est sculptée au cutter pour s'adapter à l'orifice d'encliquetage prévu pour les armes.

Les lances-bidules sont remplacés par des conteneurs lance-roquettes d'hélicoptère Apache. Au 1/48e, ces pods ont une dimension comparable à la pièce fournie avec le T-Rex mais présentent un aspect plus sérieux. Canon et conteneur à roquettes sont collés bien alignés sur un petit support en carte plastique. Il faut ensuite bricoler un pivot qui permet de monter le tout sur le bras.

La verrière est à créer de toutes pièces du fait qu'aucune transparence n'est fournie. On peut simplement récupérer les morceaux nécessaires sur des coquilles d'emballage transparentes qui sont très répandues dans le grand commerce. Les pièces coupées à la bonne dimension seront collées à l'intérieur de la structure en cage fournie pour figurer la verrière. C'est un travail de patience et plusieurs essais à sec sont nécessaires pour ajuster chaque petite plaquette de plastique transparent. Le collage s'effectue à la  colle cyanoacrylate. La colle doit être ici utilisée avec la plus grande parcimonie pour ne pas maculer les transparences.

Les seules alternatives seraient de mener des recherches afin de trouver une verrière toute faite de dimensions ad hoc ou de réaliser un thermoformage maison, une technique qui fait encore reculer beaucoup de maquettistes.

Sur le modèle complété, une figurine de pilote est ajustée. Celle-ci est constituée de plusieurs morceaux de pilotes et mécaniciens au 1/48e trouvés dans la boîte à surplus. Ce personnage est ensuite équipé avec quelques fragments de plastique et habillé d'un anorak en mastic. A cette échelle, ce n'est vraiment pas très difficile. La mode récente des véhicules au 1/48e et l'édition de boîtes de figurines et accessoires assortis est une aubaine pour l'amateur de dioramas qui auparavant n'avait que peu d'options pour réaliser un travail personnel, en dehors des rares sets de "mécaniciens" pour avions... ou les coûteux accessoires en résine produits par les artisans.

- FINITION

Des filets de camouflage parachèvent l'aspect guerrier de la machine. Ceux-ci sont réalisés en trempant un morceau de bande de gaze dans la colle à bois diluée à l'eau. Cette bande est  égouttée en la déposant sur un morceau de papier journal qui absorbe le surplus de colle. Ensuite, il faut draper avec une certaine recherche de réalisme l'engin. Après une nuit de séchage, le filet de camouflage est devenu rigide. Il peut à présent être peint et brossé en même temps que le reste de la maquette.

La peinture est réalisée à l'aérographe. Les transparences sont masquées avec précaution, et les orifices bouchés avec du papier essuie-tout pour que la peinture ne s'infiltre pas dans le cockpit. Une couche de fond sombre est tout d'abord appliquée en insistant bien partout. Ensuite du gris moyen, diffusé de haut en bas, par un jet rasant de l'aérographe pour créer des jeux d'ombre. Enfin des bandes de Papier collant sont découpées. Pour éviter des arrachages de la couche de fond, l'adhésif est affaibli en le collant plusieurs fois de suite sur une surface lisse et propre, non poreuse, comme métal, plastique ou verre. Ensuite, les bandelettes sont placées sur le modèle pour masquer le gris, et la dernière couche à l'aérographe est appliquée, cette fois avec la deuxième teinte, pour réaliser un camouflage disruptif. Rappelons que dans les jeux PC, vous pouvez personnaliser les "méchas" avec divers camouflages adaptés aux climats rencontrés et appliquer sur la machine les insignes du Clan auquel vous êtes affiliés. Si vous avez choisi de vous écarter de l'univers de base de
Robogearla décoration est donc à votre discrétion.

Détails et brossages soigneux sur les armes complètent le modèle.

- LE DECOR

C'est une domaine qui intéresse aussi le joueur puisqu'il forme le cadre évocateur au sein duquel aura lieu la bataille épique. Pour les jeux de table, les éléments de décor, usine, montagne, bouquets d'arbre, sont souvent des modules que l'on place sur la table en fonction du terrain que l'on veut créer. Plus le décor sera beau plus le plaisir du jeu sera assuré.

Ici, la scène sert à représenter le mécha dans un cadre fixe, en tant que modèle d'exposition.
Une plaque de base solide et indéformable est choisie, par exemple une plaque de MDF de 5 à 9 millimètres ou un socle en bois pour figurine. Pour éviter que l'importance du relief dans lequel l'engin est embusqué ne rende le diorama trop lourd, la forme de base est réalisée en empilant des épaisseurs de carton-mousse ou de morceaux de frigolite rapidement collés. Après s'être assuré que la maquette présente bien dans ce squelette de décor, la finition est réalisée en couvrant le tout. Surtout ne pas utiliser de plâtre qui se fendille et perd des éclats. Mieux vaut utiliser un produit de bricolage, le mortier de réparation. Constitué d'une pâte souple chargée de grains de quartz, se diluant à l'eau, ce matériau existe ne plusieurs marques telles que "Poryon", "Polyfilla 2001", etc... Il sèche à l'air libre, se sculpte très bien à la palette, à la pointe d'un cutter ou avec un bâtonnet quelconque taillé selon les empreintes qu'on veut laisser dans le "terrain". On peut façonner roches, coulées de boue et ravines dans le frais, le mouiller pour le rendre plus fin ou l'aider à adhérer au socle. Une fois sec et durci, sa porosité reçoit très bien les "jus" de fond, et finalement son aspect granuleux permet de réaliser toutes sortes de textures par brossage.

N'oubliez pas que la machine pèse un poids respectable et qu'elle doit s'enfoncer dans le sol. Prévoyez donc la place ou l'engin devra être collé et faites les empreintes nécessaires. On voit trop souvent en exposition des maquettes de panzer qui "flottent " sur l'herbe... ou qui n'ont pas laissé de traces de chenilles dans le sol.

© P. Laurensis / Modelstories 2006

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