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LE MAKING-OFF D'UNE MAQUETTE

Pour qu'une maquette soit commercialisée, qu'elle apparaisse sur les étagères des magasins, il faut que s'accomplisse tout un processus de décision puis de conception et enfin de production. C'est ce que l'on va essayer d'illustrer ci-dessous en prenant l'exemple des maquettes Heller.

La première étape est celle des idées. IL faut décider  de quoi l'avenir sera fait : nouveaux modèles , rééditions, etc…
Chacun propose ses idées et essaye de les justifier sous l'angle historique, ou de l'actualité et en « déduit » des ventes espérées. Les VRPs sont spécialement importants car ils peuvent faire remonter les attentes de la clientèle ou les produits concurrents.
Comme il ne s'agit que de « brain storming » cette phase est difficile à illustrer. J'ai toutefois retrouvé cette photo qui remonte à 1976. Nous sommes dans l'un de ces comités « produits » et Gerhard Thieser fait découvrir à ses équipes une boite de maquette « Matchbox ». Comment Heller doit-il réagir face à cette nouvelle gamme concurrente et innovante ? [Photo : Gerhard Thieser]

A ce stade il y a plusieurs options :

  • abandonner le projet : pas assez rentable , marché de niche etc…
  • Remettre à plus tard : dans 5 c'est l'année du centenaire , gardons le pour ce moment là
  • Acheter des grappes d'un modèle déjà existant
  • Développer un modèle soit même.

Dans le cas illustré en 1999 Heller a acheté des grappes (« polybags » en jargon du métier parce qu'elles sont livrées en sachets) de la navette spatiale au 1/288 du japonais Union et l'a reconditionné pour son marché. [Photo : Mat Irvine]

Si l'option est prise de développer un modèle, il faut partir à la recherche de la documentation . Et là aussi deux options : soit tout est fourni par le constructeur du modèle réel (cool!) soit un documentaliste doit s'y atteler. ]De cette étude on tire un plan côté en 3 vues (minimum) plus des plans détaillés (échelle X5 parfois) de certaines pièces détaillés.
Ici le plan du Concorde au 1/100 [Collection G. Audren]

Ces plans peuvent être plus ou moins détaillés. Ici celui du Potez 540 avec en bas la vue du tableau de bord [Collection De Lespinay]

A partir de ces plans , des modeleurs vont réaliser des sculptures des pièces principales, à l'échelle réelle ou plus généralement en « X 2 » ou même parfois « X 5 » . Ces « maquettes de pièces » sont dénommées « araldites » du nom du produit qui entre dans leur fabrication . Aujourd'hui cette étape est remplacée par de la CAO.

Ici l'araldite du fuselage du F 117, parmi les dernières réalisées par Heller

Auparavant il fallait directement graver le moule en métal. Maintenant c'est un robot qui s'en charge à partir de l'étude CAO
Ici un modeleur au travail sur un moule naval en 1979 [Photo R. Ward]

Aujourd'hui l'ordinateur se charge de presque tout !
Maquette 3D du fuselage de l'EC-145 assemblé [Photo Heller]

Au final on en arrive toujours à cela : un moule en acier. Naturellement à chacune de ces étapes on peut prendre la décision d'arrêter les frais ….ce qui peut générer des « no-show » c'est à dire des modèles annoncés mais non commercialisés.

En effet pendant que les moulistes et la mécanique travaillent le bureau d'étude et le marketing travaillent eux aussi.
Ici le bureau d'étude Heller au milieu des années 60 [photo : G. Audren]

Première chose , très sensible pour les maquettistes : la conception de la notice! C'est un aspect délicat : une notice confuse peut dégoûter les clients autant que des assemblages approximatifs ou des erreurs grossières de formes.
Ici la notice du Curtiss H75  avant la « mise en page » définitive avec les cartouches Heller, mentions légales etc… [Collection De Lespinay]

Il faut aussi concevoir les emballages , les catalogues
Ici le catalogue 1968 avec les photos des maquettes et les esquisses de modèles futurs.
[Collection De Lespinay]

Les illustrations de couverture (« boxarts ») peuvent aussi faire débat : je donne dans mon livre sur Heller  plusieurs exemple d'illustrations modifiées, de choix de décoration repris au dernier moment etc…
Ici un « boxart » de Serge Jamois rejeté , probablement à cause de la « violence » du Me 262 abattu en arrière plan  [Photo : S. Jamois]

Autre exemple avec ce Chébec vu de la poupe qui servit pour la première édition du modèle. Il s'agit ici de l'illustration originale avant ajout des titres etc...
[Collection Nelly Lengellé]

On y arrive enfin : le moule est sur la presse. Il faut parfois plusieurs semaines de réglages pour que la maquette soit correctement injectée.
Ici c'est bien à Trun mais à l'époque on produisait aussi des modèles Airfix….

Et voilà le résultat ! Des grappes du Fouga Magister au 1/40 joyeusement exhibées par une ouvrière en 1958 !
[photo : le Jouet français]

Entre deux productions les moules sont stockés ainsi . Ici les moules de la Marine Nationale au 1/400.

Et au final vous avez çà chez vous !

Bons montages !

© JC Carbonel / Modelstories 2008