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SCRATCH 1/30 Chalutier Sirius

Scratch 1/30 Chalutier Sirius


Dans la formidable épopée en deux parties  "Le Secret de la Licorne" et "Le Trésor de Rackham Le Rouge" (1942), un bateau est mis longuement en scène. Il s'agit,  du Sirius. Contrairement à ce que l'on a pu croire jusqu'à présent, Hergé ne s'est pas inspiré de la maquette qui figure dans les vitrines de la Fondation Hergé, maquette souvent photographiée et publiée dans différents ouvrages. En effet, en observant de très près l'intérieur de la timonerie, il s'avère que ce modèle, finement réalisé, est signé "Arthur Van Noeyen" et daté de 1952, preuve en soi que ce navire a été construit après l'aventure. La récente mise à jour de nouveaux renseignements permet d'établir que Hergé s'est bel et bien inspiré d'une maquette pour dessiner le Sirius. Il s'agissait en fait d'un modèle assez dépouillé, de petite taille et de surcroît coupé au niveau de la ligne de flottaison, et acquis auprès d'un collectionneur.

Le John O.88

De nombreux détails prouvent que le Sirius exposé à la Fondation Hergé a été construit suivant l'album, probablement sous les conseils de Hergé, mais également d'après les plans de chantier du bateau original, le John O.88. Ces plans ont d'ailleurs été publiés en petit format, dans "L'Oeuvre intégrale d'Hergé", tome 6, paru aux Editions Rombaldi, mais il s'agit uniquement des vues de profil et en élévation du bateau.
Le John O.88, un chalutier moderne pour son époque, est décrit dans le numéro 168 de la revue maritime "De Wandelaer et sur l'eau", en date du mois de décembre 1936 «  En deux mots, voici ses caractéristiques principales : 39 mètres de longueur, moteur Carels de 500 HP, vitesse de 13 noeuds, treuil de pêche muni d'un renversement de marche, TSF et radio-gonio. Bref, tout ce qu'il y a de plus moderne. »
 
La construction du modèle

Il existe, en somme, trois versions du Sirius : la première, celle du navire original, la deuxième, la maquette construite pour Hergé et qui comporte quelques modifications par rapport à l'original et la troisième version, celle dessinée par Hergé.
Tout en construisant ce modèle radiocommandé, mon principal souci est de reproduire un Sirius fidèle aux aventures de Tintin. Le chalutier original est donc écarté car c'est certainement la version la moins ressemblante, hormis bien entendu pour les proportions et certainement pour la forme exacte de la coque. La version dessinée est bien entendu celle étant la plus conforme à l'histoire, mais elle manque cruellement de détails. Par exemple, des dalots n'y figurent pas, l'emplacement de l'écubier est inexact, la timonerie est légèrement différente et de nombreux détails sont inexistants. Loin de moi l'idée de vouloir critiquer la bande dessinée et par ce fait l'Oeuvre de Hergé, bien au contraire mais le but, lors de cette construction, est de trouver le chemin idéal à suivre pour réaliser un modèle attrayant qui reflète au mieux les aventures de Tintin ; ont peu déjà présager qu'il y aura sujets à controverses. Les uns diront qu'il faut reproduire le modèle original, le John 0.88, qui est le seul vrai chalutier, d'autres avanceront qu'il est préférable de se référer à la maquette de Hergé, maquette qui est plus détaillée que le modèle de la bande dessinée et enfin d'autres encore prétendront qu'il faut se référer uniquement à l'album, même si un modèle à grande échelle doit souffrir cruellement d'un manque de détails. Bref, le choix s'avère d'emblée particulier et le Sirius construit ici est une copie la plus conforme possible du dessin d'Hergé avec les détails de sa maquette...

  Le plan
L'échelle du modèle fut longue à déterminer et après mûre réflexion, connaissant la longueur totale du chalutier original, il s'avéra que le 1/30e devait être un choix judicieux pour la réalisation d'un modèle navigant, ce qui arrêta sa longueur à 130 centimètres.
Bien que le Sirius soit représenté pratiquement sous tous les angles dans la bande dessinée, le mystère demeure en ce qui concerne la forme exacte de la coque. Les plans, assez sobres, parus dans "L'Oeuvre intégrale d'Hergé" et du numéro 168 de la revue "De Wandelaer et sur l'eau", permirent néanmoins d'obtenir, à l'aide d'agrandissements, un tracé définitif et à l'échelle du modèle ; la formidable aventure de la construction du Sirius pouvait donc commencer...

  La construction de la coque
La construction de la coque diffère quelque peu des méthodes traditionnelles. En effet, l'idée, dans ce cas-ci, est de réaliser une coque dotée de couples provisoires destinés à être retirés et à offrir ainsi un maximum de place lors de l'installation des divers éléments de radiocommande. De plus, c'est sans nul doute l'occasion de concevoir un pont qui s'enlève en une seule pièce.

  La quille
La quille est constituée de deux longerons en plasticard (polystyrène) de 3 millimètres d'épaisseur collés ensemble à l'aide de trichloroéthylène (trichlore). Notons qu'à l'heure actuelle ce produit est interdit à la vente, mais il en existe des substituts. Divers renforts sont prévus pour consolider les endroits de jonction, ainsi que le passage du tube d'étambot où la quille est scindée. La jaumière du maître tube du gouvernail est exécutée avant l'assemblage. Cette partie arrière de la quille est fixée dans un étau, perpendiculairement à la table de travail, et le trou est pratiqué à l'aide d'une perceuse sur colonne : le centrage est donc garanti. Le tube d'étambot est mis en place et à nouveau, divers renforts en plasticard rigidifient la construction.

 
Les couples
Au nombre de 14, les couples sont à tour de rôle décalqués sur un panneau de plasticard de 3 millimètres et découpés à la scie Dremel à 1 millimètre de leur bord. Ce type de découpe peut éventuellement faire fondre partiellement le plastique et, en se ressoudant, faire apparaître un rebord disgracieux et peu précis. Pour obtenir une finition parfaite, chaque couple est alors ajusté sur une ponceuse à bande. Cette dernière est fixée fermement sur une table de travail à l'aide d'un serre-joint alors qu'une cale de bois permet d'adapter les pièces à travailler à la bonne hauteur.

  La mise en chantier
La quille est mise en place sur un chantier à l'endroit, recouvert d'une feuille blanche où est tracé l'emplacement exact de chaque couple. Elle est maintenue en place grâce à diverses cales de bois, ce qui permet également de respecter l'assiette du futur bateau par rapport à la ligne de flottaison qui elle, demeure horizontale. Les couples sont collés superficiellement au trichlore en respectant leur bonne implantation grâce à la ligne de flottaison reproduite sur chacun d'entre eux, ligne qui reste bien entendu la référence. Chaque couple est maintenu en place à l'aide de cales de bois et des lattes de plasticard sont utilisées provisoirement pour respecter leur bon écartement. Ce procédé permet d'obtenir une construction assez rigide pour la pose du bordé qui tend, par la courbure des lattes, à gauchir l'assemblage. Ensuite, chaque couple est garni sur son épaisseur d'un autocollant à double face, ce qui permet de fixer en un clin d'oeil le bordé. Ce bordé est constitué de lattes de 5 et 10 millimètres de large, débitées à l'aide d'une cisaille semi-automatique dans un panneau de plasticard d'un mètre de long et de 2 millimètres d'épaisseur. A chaque pose, les lattes sont collées entre elles à l'aide de trichlore, en évitant soigneusement de déborder sur les couples. Seuls les couples qui constituent la partie avant et arrière sont collés définitivement. Pour préserver la forme de la coque, un bâti de bois est installé autour d'elle alors que quelques fins clous la maintiennent en place.

 
Renforcement à la résine époxy
L'intérieur de la coque est ensuite nettoyé à l'acétone et ainsi rendu mat et accrochant, ceci afin d'augmenter l'adhérence de la résine qui viendra consolider la construction. C'est une résine à stratifier dénommée "Epoxy-LN Résine" qui est utilisée pour l'opération. Elle se mélange à un durcisseur à raison de 100 : 40, proportions qui semblent certainement plus faciles à respecter que dans le cas de certains autres matériaux composites où il faut quelquefois mesurer, voire évaluer, 1 à 2% de durcisseur et dont le temps de prise peut de ce fait s'avérer aléatoire. L'Epoxy-LN est une résine sans solvant, fluide, destinée à la stratification et au recouvrement. Elle présente une bonne résistance mécanique, thermique et chimique. Elle s'emploie avec des renforts de fibre de verre, d'aramide ou de carbone. Cette résine est légèrement poisseuse en surface ce qui permet d'appliquer plusieurs couches successives sans devoir effectuer de ponçage intermédiaire. Pour obtenir une surface non poissante, il suffit d'attendre tout simplement son séchage complet, qui s'obtient après trois jours. Sa dureté maximale en profondeur s'obtient après sept jours de séchage. Cette résine a été choisie car, contrairement au polyester, elle ne dissout pas le polystyrène.
Un à un, les espaces entre les couples sont enduits de cette résine époxy renforcée par des bandes de tissu de fibre de verre de 200 grammes et de 8 centimètres de large. Après séchage, les couples sont enlevés un à un et remplacés par de nouvelles bandes de fibre de verre. Ensuite, alors que tous les couples sont retirés, une nouvelle application de résine et de fibre de verre, dont cette dernière est disposée cette fois-ci dans le sens de la longueur du bateau, est effectuée. Pour terminer, afin d'offrir au bordé une solidité maximale et surtout pour qu'il garde sa forme initiale, une dernière bande de tissus de verre est placée sur le pourtour intérieur. Les quelques restes de résine non utilisés sont versés dans la proue, devant le premier couple, afin de constituer un bloc plein et de conférer ainsi à l'avant du modèle une solidité garantie.
La poupe est, quant à elle, usinée dans un bloc constitué d'une multitude de chutes de plasticard ; chaque morceau est ajusté et collé au trichlore. Quelques coups de râpe permettent de façonner son galbe et la finition est obtenue à l'aide de papier de verre fin.

  Finition extérieure
L'extérieur de la coque est poncé à l'aide de feuilles de papiers de verre aux différents grains. La coque ainsi préparée, est enduite d'un mastic de polyester utilisé pour les réparations en carrosserie automobile. Au total trois couches de mastic sont nécessaires ainsi qu'un ponçage régulier à l'aide, cette fois, de papier de verre à l'eau 240. Ce ponçage n'est certainement pas des plus fins comparé aux grains 800 et 1000 utilisés habituellement, mais le résultat est satisfaisant, surtout comme dans ce cas-ci, si la coque est recouverte par la suite d'un plating.

  Le plating
Le plating, ce terme anglais, désigne le recouvrement de la coque par des tôles d'acier.
Le plating du Sirius est réalisé à partir de feuilles d'aluminium utilisées en imprimerie Offset. Existant généralement en deux épaisseurs, 15 et 30 centièmes de millimètre, elles conviennent parfaitement pour ce type de réalisation.
Le contour de chaque panneau est d'abord tracé au crayon fin sur l'entièreté de la coque ce qui permet ensuite, à l'aide d'un papier-calque, de reporter les diverses formes sur les feuilles d'aluminium. Chaque pièce découpée est marquée par une série de rivets réalisée grâce à une roue dentée de couturière. Les panneaux sont ensuite collés à l'aide d'un autocollant à double face superpuissant liseré par un joint de cyanocrylate. Leur mise en place se fait de l'arrière vers l'avant en se chevauchant sur deux millimètres. Ils sont disposés en rangées alternées, c'est-à-dire, dans un premier temps les rangées n°1, 3, 5, etc. et ensuite les rangées n° 2,4, 6, etc., ceci afin qu'ils se superposent. Les panneaux qui se rejoignent en fin de bande, soit vers la poupe, soit vers la proue, ne sont jamais de forme triangulaire, donc en pointe, mais ont la forme d'une "trapèze allongé".

 
Les protections de la coque
A la mise en place du plating, sont venues s'ajouter la partie avant du listeau qui ceinture le bateau - l'autre partie est, quant à elle, fixée sur le pont amovible - ainsi que les quelques protections situées au niveau des potences de chalut. La forme de ces protections ainsi que le choix de leur emplacement est un dilemme : si on se réfère au plan original, elles n'apparaissent pas. Quant à la maquette de la Fondation Hergé, elle les laisse entrevoir, parallèles entre elles et à la ligne de flottaison et ce, au nombre de six. Dans l'album, elles sont au nombre de deux en dessous du listeau et de sept au-dessus. Ces dernières sont installées perpendiculairement au listeau. C'est cette version qui fut finalement retenue afin de se rapprocher au mieux du modèle des aventures de Tintin, mais elle n'est certainement pas la plus facile à réaliser. En effet, si sur les dessins de Hergé, les protections horizontales sont disposées proportionnellement dans l'espace situé entre le listeau et la ligne de flottaison, il n'en est pas de même pour cette maquette au 1/30e où, conformément au modèle original, il a bien fallu respecter l'emplacement exact de la ligne de flottaison. De ce fait, il n'est pas possible de répartir correctement les distances étant donné que la ligne de flottaison n'est pas parallèle au listeau... Bref, ceci pour souligner davantage qu'il est quelquefois difficile de reproduire exactement un modèle de bande dessinée et que, bien souvent, on est confronté, si on garde un esprit quelque peu puriste, à des choix qui ne sont jamais faciles à faire.
D'un point de vue pratique, ces protections sont constituées de profilés de polystyrène collés à l'aide de la colle "résine" à deux composants. En plus de coller parfaitement, cette colle obture les fissures éventuelles.

 
Le talon de quille
La continuation de l'étambot à hauteur du gouvernail, le talon de quille, est réalisée en aluminium. Ce support est mis en place grâce à deux guides et à une vis M2. L'écrou de cette dernière est serti et collé dans la quille. Le fait de concevoir un talon de quille démontable est pratiquement indispensable au cas où il serait nécessaire de démonter le gouvernail.

 
La mise en peinture de la coque
L'ensemble de la coque est, dans un premier temps, nettoyé à l'aide d'une petite brosse de fer circulaire montée sur une mini-perceuse. Cette étape incontournable permet d'éliminer de façon rapide et efficace les quelques traces de colle qui subsistent encore, mais également de dépolir légèrement l'aluminium.
La coque est ensuite recouverte, à l'aide d'un fin rouleau, du Special Primer de Levis, un produit à deux composants. Ce primer s'applique comme couche d'accrochage sur les fonds spéciaux tels que le polyester, les métaux non-ferreux dont l'aluminium, le verre, la céramique, etc. Il sèche en huit heures et est recouvrable après vingt-quatre heures. Il a été appliqué sur la coque à l'aide d'un fin rouleau, ce qui permet d'obtenir une couche d'une certaine consistance. Il est à noter que les deux composants, une fois mélangés, sont utilisables pendant près d'une heure trente ; au-delà, le primer devient pâteux et donc inutilisable. De plus, ce primer, qui accroche étonnamment bien, est blanc et permet de mettre en évidence les quelques défauts qui pourraient subsister tels que des interstices éventuels entre des panneaux d'aluminium.
Après la pose du primer, la coque du Sirius peut recevoir sa couleur définitive. Le choix de cette dernière s'est porté sur la gamme des peintures brillantes de Humbrol : le rouge (référence 19) et le noir (référence 21). Les couleurs Humbrol existent depuis des dizaines d'années et on est quasiment certain de pouvoir en retrouver facilement en cas de retouches éventuelles.
Le choix de cette peinture brillante s'est fait en raison de l'aspect définitif que doit avoir le Sirius. En effet, loin de vouloir le faire ressembler à un navire réel, navigant et de surcroît souvent usé, il doit très certainement refléter l'esprit de la bande dessinée et donc accuser une apparence relativement neuve.
Ces peintures, partiellement diluées à l'aide de thinner cellulosique, sont appliquées grâce à un fin rouleau. Il faut préciser que cette mise en peinture s'est faite à l'extérieur, par temps frais, ce qui empêche un séchage trop rapide et, de ce fait, l'apparition de l'aspect disgracieux du type "peau d'orange" propre à l'utilisation du rouleau. De plus il venait de pleuvoir et l'atmosphère était humide. Il n'y avait donc pas de poussières en suspension dans l'air.

  La tonture et le bouge du pont
A l'instar de la coque, la construction du pont se fait par couples. Ces couples, qui sont la simple prolongation de ceux de la coque, sont bien entendu destinés à renforcer le pont qui est amovible d'une seule pièce. Si le pont reste "flexible", on court le danger, lors de sa dépose, de plier le pavois ou d'autres éléments.
Chacun sait que les ponts de bateau accusent une convexité longitudinale, donc de la proue vers la poupe, que l'on appelle "la tonture" et une courbure transversale, donc de tribord à bâbord, dénommée "le bouge". La tonture est facilement obtenue grâce aux différents niveaux des couples qui se succèdent. Quant au bouge exact, il est rarement mentionné sur les plans.On le retrouve à coup sûr dans les kits où les pièces sont pré-imprimées ou prédécoupées, mais dans le cas d'une construction libre, il faut donc souvent le reproduire soi-même et si, pour certains, cette tâche semble peu importante, elle donne à coup sûr un cachet beaucoup plus réaliste au modèle. Trop souvent on rencontre des ponts plats et faute de ne pas avoir été mentionné correctement sur le plan, le bouge n'est pas reproduit. D'autre part, on retrouve sur certains plans de couples une représentation trompeuse du bouge qui est donnée par une ligne rejoignant de part et d'autre le dessus de chaque couple. Si on est quelque peu attentif, on remarque souvent que cette ligne observe un galbe trop prononcé. Il faut donc, dans la plupart des cas, se résigner à déterminer le bouge de son propre chef tout en observant une certaine vraisemblance. Dans le cas du Sirius, les quatre couples qui constituent le gaillard d'avant ont un bouge déterminé comme suit : de l'avant vers l'arrière, les couples ont respectivement une hauteur de convexité de 1 - 3 - 4,5 et 6 mm. On remarque donc que le bouge mourant à la proue augmente au fur et à mesure. Ensuite, sur le pont principal, au niveau du gaillard d'avant, il mesure 8 millimètres en son centre pour ne mesurer que 1,5 millimètre à la poupe.

 
La réalisation du pont
Pour réaliser le pont, une feuille de plasticard d'un millimètre est découpée en observant la forme exacte du pourtour de la coque. L'axe du bateau y est reporté et c'est ainsi que les perpendiculaires, définissant l'emplacement des couples, sont tracées. Une cornière en plastique de 3 millimètres de côté est collée pour délimiter l'angle du pavois. Ce dernier, dont la hauteur est déterminée en fonction du plan original, est également constitué de plasticard de 1 millimètre. Après la mise en place des couples et du pavois, plusieurs couches de résine renforcées par de la fibre de verre sont coulées afin de donner une certaine rigidité à la construction. Si la résine solidifie considérablement l'assemblage, elle augmente sensiblement son poids, ce qui tend bien entendu à déplacer le centre de gravité du bateau vers le haut. Donc, on peut en déduire que ce genre de construction ne convient probablement pas à des modèles dont l'équilibre s'avère de prime abord instable. Dans ce cas-ci, le Sirius possède une coque ventrue et de surcroît lestée, ce qui permet sans danger, d'utiliser ce mode d'assemblage
Le pont proprement dit, c'est-à-dire au niveau du plancher, est ensuite placé. Il est constitué de deux feuilles successives de plasticard de 1 millimètre, procédé certainement plus rigide qu'une feuille unique de 2 millimètres d'épaisseur. Le lattage en bois est réalisé à l'aide de lattes de tilleul de 5 millimètres sur 1 alors que le calfat est reproduit simplement en soulignant au marqueur noir leur tranche. Ces lattes sont finement découpées et collées à la cyanocrylate. Bien que cette colle soit remarquable par ces capacités d'assemblage, l'excès qui pourrait résulter de la mise en place des lattes tend à dissoudre l'encre du marqueur et crée ainsi en séchant des taches sur le bois ; la plus grande rigueur est donc à observer. L'ensemble est protégé par plusieurs couches de vernis incolore et satiné de Levis Linitop (Protection décorative du bois, pour intérieur et extérieur), repris sous la référence 280.
Les jambettes, réalisées en plasticard de 1 millimètre, sont mises en place après la pose du lattage.
Le bon positionnement du pont est assuré, à l'avant, par un connecteur de type Sub-D, destiné à l'alimentation électrique des superstructures, et par une vis M3, installée verticalement dans le bloc de la poupe.
Conformément à l'original et contrairement au dessin 55/12, les trappes de cale, reproduites en plasticard, sont disposées comme suit : deux entre le treuil et le mât et une entre le mât et le gaillard d'avant.
Les mâts sont constitués de différentes sections de tubes en laiton qui servent, on s'en doute, à une des phases électriques pour l'éclairage des feux.

 
Le gaillard d'avant
Conformément au modèle original, la plage avant du Sirius de Hergé est en métal ; c'est ainsi que tout au long de l'album on ne distingue pas de lattage. Ce pont, qui n'est pas solidaire du pont principal amovible, a été réalisé à partir de deux feuilles de plasticard de 1 millimètre. Par manque d'information dans l'album, les détails qui y figurent tels que les bollards, les chaumards, le treuil et autres cordages, sont implantés en fonction des observations faites sur la maquette de Hergé. Le choix de la couleur de cette plage avant est délicat et finalement, c'est un ton crème identique à celui des superstructures, repris dans la gamme de Humbrol sous la référence numéro 7, qui a été appliqué.
Par ailleurs, l'accès par le pont au gaillard d'avant se fait, dans la bande dessinée, par une porte disposée sur une superstructure proéminente et ce, contrairement au bateau original et à la maquette de Hergé où cet accès se fait par une porte encastrée. Bien entendu, le Sirius représenté aujourd'hui a été réalisé conformément à l'aventure de Tintin. Le toit de cette petite superstructure est d'ailleurs amovible afin de faire la jonction avec la partie du pont et de pouvoir accéder à l'interrupteur de mise sous tension ainsi qu'à la Led tricolore servant de témoin de charge de la batterie.
La hauteur du gaillard d'avant par rapport au pont a été déterminée en fonction du plan original du bateau et, après mûre réflexion, elle semble légèrement trop basse par rapport au Sirius de l'aventure. Les proportions de la porte s'en ressentent. La disposition des hublots attenants suscite elle aussi réflexion. En effet, sur la dernière vignette de la page 14, un hublot est installé entre la porte et les échelles ; disposition qui se voit confirmée aux pages 16/6, 23/2, 24/7 et 33/1, où aucun hublot ne figure entre l'échelle et le bordé. En revanche, en page 49/6, un hublot figure entre l'échelle tribord et le bordé. Il faut donc à nouveau trancher et la meilleure solution est certainement d'installer des hublots de part et d'autre des échelles.
D'autre part, la porte du gaillard d'avant est représentée en page 14/13 s'ouvrant vers la droite. Deux pages plus loin, sur la sixième vignette, la poignée de cette porte se situe à droite, ce qui permet de supposer que la porte s'ouvre alors vers la gauche ; encore une fois il faut trancher et choisir le sens d'ouverture le mieux représenté, c'est-à-dire à droite, lorsque les Dupondt costumés en marins, en page 14/13, sortent du gaillard d'avant.

 
Les superstructures et l'accastillage
Les superstructures, réalisées en plasticard de 2 millimètres, sont constituées d'un squelette de renforcement. Ce sont en premier lieu les parties latérales, qui observent d'ailleurs la tonture du bateau, qui sont mises en place. Ensuite, ce sont les différents panneaux transversaux, ajourés par souci d'économie de poids, qui les assemblent entre eux. Cette longue cabine qui, en cas de besoin peut être amovible, est ensuite mastiquée et poncée. A l'arrière figure un passage latéral que l'on voit très bien dans la bande dessinée en page 17/14. Une de ses parois transversales est d'ailleurs volontairement ajourée afin de permettre la diffusion du son du haut-parleur qui sera installé ultérieurement.
Les endroits de fixation des mains courantes et les emplacements des hublots sont percés. Comme on peut s'en douter en page 13/3,4,5, etc. ces hublots sont certainement de couleur laiton et, de ce fait, peints en Humbrol 16.
Les manches à air sont peintes en blanc ; le choix de cette teinte fut fait conformément au modèle original mais également en raison de la clarté qu'elle apporte à l'ensemble de la cabine.
Le dessus de cette longue cabine est recouvert d'un lattage que Hergé n'a pas représenté dans son album et ce, à l'instar des boiseries de la timonerie.

  La timonerie
Pour la réalisation de la timonerie, on est à nouveau confronté à un dilemme qui a trait, cette fois, au nombre de fenêtres qu'elle doit comporter. Dans la bande dessinée, à la page 12/10, ces fenêtres figurent au nombre de huit (porte comprise), dont six dans la partie arrondie. Si on divise l'arc de cette partie arrondie par six, on obtient des fenêtres de trop grandes dimensions, dimensions qu'il faut de surcroît reporter également sur les parties latérales de la cabine. Néanmoins, si l'on se réfère au plan original, qui comporte cette fois dix fenêtres, le phénomène ne s'observe plus ; c'est bien entendu cette version qui est choisie pour le modèle dont on découvre d'ailleurs en page 12/1 de la bande dessinée une juste disposition.
La partie supérieure de cette timonerie, au niveau des fenêtres, est recouverte de lattes de tilleul de 2,5 millimètres par 1. L'ajustement des encadrements arrondis des fenêtres requiert une certaine attention. Ces lattes sont enduites d'un vernis satiné de teinte teck, conformément à la description du bateau original faite dans l'article de la revue "Wandelaer et sur l'eau" décrite précédemment. Cette timonerie comporte les aménagements suivants : barre, transmetteurs d'ordres mécanique et vocal, compas ainsi qu'un mobilier succinct que l'on peut observer à la page 15/7. De plus, comme dans tout navire, elle est dotée d'un compas logé dans une sphère en cuivre, instrument qui ne figure malheureusement pas dans la bande dessinée. La chambre des cartes, située à l'arrière, est également reproduite par l'installation d'une cloison et d'une porte.
Le pavois en plasticard de 1 millimètre et le plat-bord en bois sont cintrés à chaud, alors que le bastingage est reproduit en laiton à partir des dessins 17/5 et 24/7.

  Le ber
Pour la présentation du modèle, une attention particulière est portée sur le choix des matériaux du ber. Bien que ce dernier ne soit pas exceptionnel, il donne néanmoins un certain cachet au Sirius.
La base du ber est une simple planche d'aggloméré, recouverte d'un placage en imitation merisier, surmonté de deux supports en plexiglas transparent de 15 millimètres d'épaisseur. Une copie du parchemin de la bande dessinée d'origine semble suffire pour la présentation.

Les figurines
  La réalisation de ces figurines est assez intéressante à développer. Pour débuter sur de bonnes bases, les personnages à reproduire sont photocopiés à partir de l'album, en les adaptant un par un à l'échelle du bateau. A partir de ces dessins, un squelette est réalisé à l'aide d'attaches trombones décapées et soudées. Ces dernières sont complétées par de la pâte Fimo, matériau qui permet d'être facilement sculpté. La pâte Fimo est une pâte à modeler polyvalente qui existe en de nombreuses couleurs miscibles entre elles et ce, pour l'obtention éventuelle de marbrures ou de nuances intermédiaires. Cette pâte doit être malaxée avant son emploi afin d'être malléable. Sa solidification se fait à chaud, pendant 20 à 30 minutes, sous une température de 100 à 130 °C. Cette opération s'effectue dans un simple four ménager préchauffé. Il est à noter que la pâte Fimo ne devient solide qu'après son refroidissement complet. On remarque, en manipulant la figurine entre les doigts, que l'on déforme facilement les parties déjà sculptées. Il semble donc nécessaire de les chauffer étape par étape.
Les mains et les chaussures proviennent de personnages en plastique injecté de la même échelle alors que les éléments les plus fins, tels les rubans des Dupondt, la visière du képi du capitaine Haddock, etc., sont réalisés à l'aide de plomb de bouteille de vin.
Finalement, les figurines ainsi obtenues sont, dans un premier temps, recouvertes d'un primer et ensuite peintes à l'aide de la vaste gamme de Humbrol. Dans certains cas, plusieurs mélanges sont nécessaires afin d'obtenir un ton précis comme, par exemple, celui de la tenue du scaphandre de Tintin ou bien encore pour imiter la couleur "peau".Un travail à la peinture à l'huile, technique propre aux spécialistes des figurines et néanmoins maîtrisée, aurait très certainement atténué l'aspect "bande dessinée" de ces figurines.
Paradoxalement, même si, parmi les personnages de Hergé, Tintin semble avoir la tête la plus "simple", il s'avère qu'elle fut la plus "difficile" à réaliser ; elle fut d'ailleurs recommencée deux fois. Par contre, celle du professeur Tournesol, en forme de "champignon", se sculpte en quelques mouvements. Ses lunettes, réalisées en fin fil électrique, demandent néanmoins une certaine attention. Le pendule est ensuite collé entre les doigts de la main gauche.

Le sous-marin "Requin"

Un des éléments les plus importants qui devait à coup sûr figurer sur le Sirius était sans nul doute le sous-marin Requin. De prime abord, il semble assez facile à réaliser, surtout s'il est façonné en un bloc plein. Mais là n'était pas le but, car je souhaitais vivement concevoir un modèle creux et pouvoir ainsi installer un habitacle au grand complet. Il suffisait alors d'effectuer cette construction par couples et bordé, mais l'occasion était trop belle de tenter l'expérience par thermoformage ; l'entreprise fut donc tentée...
La première étape consiste à dresser un plan le plus fidèle possible au modèle de Hergé, plan qui demeura la base incontournable des lignes du Requin. Après avoir compulsé, mesuré et reporté ces différentes dimensions, le modèle prend forme et en définitive il s'avère que sa longueur doit avoisiner, à l'échelle du 1/30e, les 18 centimètres. Néanmoins, il est sans doute intéressant de noter que la représentation du Requin en page 8/6 n'est pas à retenir. En effet, le professeur Tournesol nous confirme en page 20/9 que le modèle utilisé à bord du Sirius est plus petit ; détail qui doit donc influencer le plan en voie d'achèvement.
Ce plan permet ensuite de façonner une pièce de chêne à l'image de la forme oblongue du Requin. A partir de cette pièce, une découpe plus large de 1 millimètre est pratiquée dans une planche de bois quelconque. Ce millimètre correspond à l'épaisseur du plastique qui va être utilisé. Cette pièce "femelle" ainsi obtenue est fixée sur deux morceaux de bois qui tiennent lieu de support. Une feuille de plasticard, ou plus exactement de polystyrène, est placée sur cette découpe et l'assemblage ainsi obtenu est chauffé dans un four ménager. Après plusieurs essais, il s'avère que les paramètres idéaux à choisir sont une température de 250° et un temps de chauffage de 3 1/2 minutes. Il suffit ensuite d'enchâsser la pièce de bois dans le polystyrène ramolli pour obtenir ainsi une des demi-coques ; l'opération devra donc être renouvelée.
Les deux pièces obtenues sont découpées avec précaution. Sur celle qui doit constituer la partie basse, l'habitacle est installé et la bouche du Requin découpée, alors que sur l'autre, l'emplacement du cockpit est ajouré. Divers couples de renfort sont nécessaires afin de procurer au Requin une certaine rigidité, ne fût-ce que pour les futures opérations de masticage et de ponçage du joint longitudinal. Il est intéressant de noter qu'il existe différents types de polystyrène repris sous la même dénomination. De prime abord, il n'est pas possible de les différencier, mais lors du passage au four, certains d'entre eux ramollissent tout simplement tandis que d'autres tendent à se rétracter sur eux-mêmes. Dans ce dernier cas, il suffit de fixer le polystyrène sur son support à l'aide de quelques clous ; l'opération de thermoformage reste alors identique.
Quelques séances de masticage et de ponçage à l'eau permettent d'effacer le joint d'assemblage. Par la suite, l'ajout des ailerons ainsi que de certains détails, comme la cartouche fumigène située sous le ventre de l'animal, est relativement simple à effectuer.
L'habitacle est constitué de quelques pièces de plasticard, d'un siège réalisé en pâte Fimo, d'un volant circulaire, tel qu'il apparaît dans le dessin 33/2, et d'un tableau de bord obtenu à partir d'une décalcomanie modifiée. Sur cette dernière, figure à gauche, parmi les divers instruments, le fameux bouton rouge destiné à larguer le fumigène.
En ce qui concerne la verrière, elle est thermoformée de la même façon que le corps du Requin, à partir de diverses chutes de plastique transparent destiné à l'emballage de produits ménagers. Seuls les paramètres de chauffe diffèrent, car à trop haute température, ce plastique devient opaque et de ce fait inutilisable. Soit, quelques essais permettent encore une fois de déterminer les 140° requis et les 5 minutes nécessaires à l'opération.

On est en droit de s'interroger quant à l'endroit où installer le Requin. Lors de l'expédition de Tintin, il est accroché, en page 33/1, au mât de charge arrière, alors qu'il n'existe aucun emplacement pour le déposer. De plus, Tournesol ne devait sans doute pas disposer d'un espace assez discret pour l'assembler à l'abri des regards. Bref, à nouveau, il ne s'agit pas de critiquer l'aventure, mais de déterminer un endroit adéquat pour disposer le Requin : le pont est, semble-t-il, la moins mauvaise solution à envisager.

© E. Bauthier / Modelstories 2008

Le John O.88, le chalutier belge dont s'est inspiré Hergé pour dessiner le Sirius. "De Wandelaer et sur l'eau", décembre 1936

Philippe Goddin, secrétaire général de la Fondation Hergé, nous présente la maquette que l'on croyait être le modèle ayant servi pour dessiner l'aventure du trésor de Rackham Le Rouge.

Un autre exemplaire du Sirius, celui de l'humoriste  belge Stéphane Steeman

Le constructeur et son modèle, 30 mois de travail et le succès à la clé...

Des vis sont scellées dans la résine.Elles serviront à installer le moteur

Application du Special Primer de Levis, produit à deux composants qui s'utilise comme couche d'accrochage sur les fonds spéciaux

Il est intéressant de noter qu'il existe différents types de polystyrène repris sous la même dénomination et, de prime abord, il n'est pas possible de les différencier. Sous l'action de la chaleur, ils peuvent réagir différemment...

Trop chaud ou pas assez chaud, il faut bien choisir...

Des algues sont prises dans l'hélice, comme dans l'aventure

La croix de l'Aigle et les outils qui ont servi à la déterrer.

Quelques détails de la cabine côté tribord. On remarque la boîte de biscuits qui figure en page 20/2 de la bande dessinée.