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Kotobukiya KP-27 1/72 Jigabachi AV

Kotobukiya KP-27 1/72 Jigabachi AV [2007]


Le manga Ghost in the Shell a déjà fait l'objet de deux suites en bandes dessinées, d'adaptations sur console de jeu et de deux long-métrages du célèbre animateur Mamoru Oshii. La célébrité grandissante de la license génère un grand nombre de produits dérivés, statuettes, poupées, action-figures et garage kits.

Avec les deux saisons de la série TV Standalone Complex, le succès est tel que l'industrie de la maquette commence à lorgner vers le thème, et plusieurs kits en injecté des très populaires tanks robots tachikomas sont commercialisés, déclinés à satiété dans toutes leurs versions par Wave.

Pour lancer sa série "Real Mechanical Collection", la marque Kotobukiya nous propose aujourd'hui un très bon kit de l'hélicoptère antichar qui apparaît plusieurs fois au fil de la série. L'engin est même au centre de l'action du quatrième épisode de la deuxième saison du feuilleton. C'est cette machine particulière que je me propose de réaliser, pour son importance dans le développement de l'intrigue générale, et parce qu'on le voit sous toutes les coutures au fur et à mesure de l'action. Cela n'est pas à négliger puisqu'il n'est absolument pas évident de trouver quelque documentation que ce soit sur un engin qui n'existe que dans les dessins animés!

La maquette

Nous trouvons dans la boîte une série de grappes emballées séparément dans leur sachet de plastique, comme il est de coutume avec les kits venus du Japon. Mais made in China quand même. Conçu comme un produit dérivé ciblé vers les fans de la série plutôt que vers le maquettiste chevronné, le kit du Jigabachi est à encliqueter sans colle et peut se monter sans peinture. Le modèle est moulé en grappes de teinte gris foncé et gris anthracite presque noir.
Une grappe de cabochons en vinyle est fournie en vue du montage des ensemble articulés mobiles et, pour compléter le set, une grappe bleue comprend les pièces qui permettent de construire un petit Tachikoma. Le tout se monte sur un présentoir de plastique blanc, avec le logo officiel de la série finement sérigraphié en noir. Un bras articulé permet de monter l'hélicoptère dans toutes les attitudes de vol, avec le choix entre deux points d'attaches différents sous la machine.

Le montage.

En découvrant les pièces à encliqueter, on ne peut que faire la grimace en pensant aux snap'n tite et autres Clic-Clac de sinistre mémoire de nos jeunes années, maquettes au rabais ni très détaillées, ni très ajustées.

Ici, on s'aperçoit très vite que l'on est devant un produit d'une autre génération. Le souci du détail est extrême, la gravure très nette sera juste un petit peu trop appuyée au goût des râleurs. L'ajustage est d'une précision diabolique, la tolérance proche du zéro absolu. La découpe des pièces est ingénieusement conçue de manière à ce que l'assemblage suive les détails de structure de l'engin, ce qui rend de fait la plupart des joints invisibles.

Maquette sans colle et montage aisé ne signifient pas ici que les petits détails ont étés sacrifiés, bien au contraire. Le montage demande du soin et de la méticulosité. Il faut bien repérer les pièces sur le plan et ne pas confondre les sous-ensembles symétriques présents sur les deux flancs de l'engin.
Le plan est parfaitement clair. Il a en outre la particularité d'attirer l'attention à l'aide d'un pictogramme spécial sur la fragilité de certaines pièces. Un avertissement apprécié et bienvenu, puisque celles-ci sont en effet un peu délicates à séparer des grappes et à manipuler. Le plastique utilisé demande un peu d'attention lors du dégrapage des pièces sous peine d'endommager les surfaces délicates.
Les cabochons en vinyle des ailes comprennent des tenons qui doivent s'engager avec précision dans leurs encoches, petit travail qui fut achevé avec un pince brucelles pour plus de confort.

La colle ne sera nécessaire que pour certains sous-ensembles où le joint d'assemblage des demi coquilles, justement, ne peut être caché. Ceci concerne le bulbe du cockpit, la poutre arrière du fuselage, le support cylindrique des ailes et du train avant, les conteneurs d'armement, la boule rotative de la tourelle du canon, le carénage du moyeu de rotor... Après séchage, un léger ponçage au papier de verre de carrossier permet de faire disparaître totalement le joint. Le seul point un peu délicat est de ne pas abîmer les petites antennes moulées sur la poutre arrière lors du ponçage de la jointure encollée.

De fait, j'ai monté une grande partie du kit sans colle, ce qui m'a bel et bien rendu service, puisque quelques assemblages sont si précis que seul un léger désserrage de certaines pièces m'a permis de tout emboîter avec facilité.

Il n'y a que l'embarras du choix entre les configurations... Train rentré, sorti, tourelle déployée, pivotante... Grâce aux articulations sur cabochons et aux deux points d'attache alternatifs du display, le kit reste configurable même une fois l'assemblage terminé... tant que vous ne perdez pas les pièces!

La machine du dessin animé

Dans ce tableau idyllique, il est bien étonnant qu'une gaffe se soit glissée dans le kit, d'autant plus que c'en est une grosse... En effet, tant dans la scène intégrée dans le générique d'ouverture de la deuxième saison "2nd GIG" qu'au fil de l'action de l'épisode qui nous intéresse, il est clair que les ailes présentent une articulation avec un fort dièdre négatif, que la machine soit au sol ou en vol. Malheureusement le kit fournit des ailes parfaitement horizontales, articulées sur cabochon... mais dans l'autre axe! L'ironie est qu'un dessin original du mécha design et une image extraite du dessin animé sont intégrés à la notice et permettent de se rendre compte de ce détail. Une période de doute et de recherche s'ensuivit, puisqu'au travers des nombreuses analyses du kit diffusées à ce jour personne n'a pu ou voulu relever le fait. Une fois de plus, le simple fait que la maquette soit dotée de la sacro-sainte gravure en creux semble tenir lieu de vérité ultime en matière de maquettisme.

Ayant décidé pour trancher de reproduire point par point les caractéristiques de la machine particulière choisie, j'ai donc procédé après vision de l'épisode aux modifications suivantes: découpe des ailes et montage sur articulation visible selon le dièdre correct, suppression du patin sous l'empennage, retrait d'un des missiles antichar qui est tiré au début de l'épisode. Ce n'est pas un bien gros travail pour obtenir un kit proche de la perfection.
Les huit petits missiles sont un peu agaçants à monter, puisque chaque engin est en trois parties: empennage et tuyère creuse, ce qui est à noter, corps avec encoche pour l'attacher sur son rail, tête avec ailettes et senseur de nez. La teinte exacte de ces engins n'est pas évidente à définir même en visionnant le film.

Décoration

La décoration du Jigabachi est on ne peut plus simple, puisqu'il est tout gris. Le kit ne comprend en fait même pas de planche de décalques. Le plus gros problème est de définir quel gris utiliser. La notice suggère un mélange spécial, malheureusement je ne déchiffre pas les kanjis. Dilemme. Le feuilleton, quand a lui, est à prendre avec des pincettes, puisque selon la tendance luxueuse de la japanimation moderne, toutes les scènes sont baignées dans une lumière d'ambiance genre "After Effect". Difficile de ne pas être induit en erreur par les scènes nocturnes ou l'engin apparaît presque noir ou par les effets de lumière rasante avec des jeux de reflets... Il est tout aussi difficile de juger de la teinte du rotor... puisqu'il tourne!

J'ai fini par jeter mon dévolu sur le ton Aviation Grey de Gunze Sanyo qui a l'avantage de présenter une nuance indéfinissable qui ne tire pas vers le bleuté. Du travail pour l'aérographe. Une couche de fond noire est d'abord appliquée, puis le ton définitif est appliqué en couches très fines afin de laisser revenir des ombres par transparence sous les détails de structure de la machine. Un voile de teinte éclaircie est ensuite appliqué de haut en bas pour poser quelques lumières sur les parties bulbeuses. Après application d'une couche de vernis brillant de protection et séchage complet, un jus de noir dilué est délicatement filé au pinceau numéro zéro dans les lignes de structure. L'engin est très peu usé, et on ne peut en aucun cas le vieillir comme un char sur le front russe. Un léger brossage à sec en blanc sur les angles des capots moteurs et le haut des carénages complète la finition. Une couche de vernis mat fixe le tout. Et voilà.

Tachikoma

Fourni en bonus avec la maquette, le petit robot quadrupède, cabotin fétiche de la série, est fourni sous forme d'une grappe bleu moyen. Il est fort agréablement détaillé, bien qu'une certaine schématisation des pinces et mécanismes soit inévitable à cette échelle. Pour les puristes de la série, l'aspect du petit Tachikoma peut être légèrement amélioré en ponçant le haut des grosses pattes afin de les rendre à peu près hémisphériques, car les pièces du kit sont un peu plates.
L'assemblage sans colle est précis et ingénieux et nous dispense encore une fois de la corvée du ponçage des joints. La découpe des pièces suit en effet la forme des écoutilles et articulations. Il est en outre avantageux de peindre les sous-ensembles avant assemblage, ce qui permet de traiter les articulations, l'armement et les parties métalliques avec une couche de fond noire puis de les brosser en "silver" sans être gêné par toutes ces pattes. Le kit minuscule est en outre multipose une fois assemblé: on peut bouger bras et pattes mobiles autant qu'il est possible de l'espérer sur une aussi petite maquette. Les plus gros problèmes viendront de la nécessité de nettoyer les traces de moulage sur de toutes petites pièces, qui au vu de leur taille ne sont pas si facile à insérer dans les encoches prévues. Des manipulations répétées ont été nécessaires avant de réussir à tout emboîter avec mes gros doigts gourds, et c'est une bonne raison pour tout laisser parfaitement sécher avant d'entreprendre l'assemblage final.
Un jus noir, comme d'habitude, dans la gravure en creux. Surtout pas de vieillissement façon bataille de Stalingrad. Les tanks robots de la Sécurité Publique retournent se faire bichonner au garage tous les soirs!


© P. Laurensis / Modelstories 2007