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Planet Model PLT 172 1/72 SNCASE SE 100 [2007] Surnommé « La limande » de par ses formes curieuses de poisson plat, cet appareil, conçu en tant que chasseur lourd, devait entrer en opérations pour 1940. Sa courte carrière s'acheva subitement par la destruction à l'atterrissage du premier exemplaire de série et par la perte de tout son équipage. C'est le genre de sujet quasi improbable de voir un jour réalisé en injecté classique par les grands fabricants. Aussi, on ne peut qu'être satisfait d'accueillir cette rareté au 1/72ème même si le fabricant Tchèque n'a malheureusement pas exploité à fond son modèle dans la confusion totale des versions de l'engin. Autant le dire tout de suite, la version de série proposée dans la planche de décalques avec une livrée 3 tons « Bataille de France » est impossible à réaliser du fait d'absence de pièces optionnelles pour les nacelles moteurs plus longues vers l'arrière et de dérives modifiées, entre autres, Planet n'ayant fourni qu'une base de travail générique correspondant davantage au prototype n° 1 ayant été testé à Villacoublay avant guerre. La résine est correcte mais d'une épaisseur un peu trop prononcée et assez disgracieuse au niveau des diverses ouvertures du fuselage. Les formes sont respectées dans l'ensemble (à part les courbes de saumons d'ailes) en comparaison du plan de la monographie parue récemment chez Avia Editions, seule source documentaire détaillée disponible sur la bête. Les parties vitrées sont thermoformées mais toutes les petites fenêtres devront être remplacées pour plus de réalisme. Les intérieurs sont plutôt bien fournis avec des sièges fidèles à la réalité. L'armature tubulaire de celui du pilote est moulée finement, de même que le volant et les palonniers. Tout le bloc du plancher s'insère parfaitement dans le fuselage droit. On pourra cependant compléter les équipements (carte plastique et profilés) par divers boîtiers latéraux manquants, structures de fuselage sans oublier la petite tablette repliable derrière le siège pilote. Les hublots vitrés triangulaires, rectangulaires et leurs montants, trop empâtés, seront remplacés ultérieurement en fin de décoration du modèle par des bandelettes de scotch bien transparent posées par l'extérieur. Tout l'habitacle peut être en gris bleuté moyen (Humbrol 145), la tonalité générale semble assez claire sur les photos mais plus foncée que du chamois…Les consoles et boîtiers sont en noir frotté à l'aluminium mat, les coussins des sièges en brun cuir H 186. En examinant les photos, on peut aussi interpréter le volant, soit en aluminium, soit en gris bleu moyen comme le reste de l'intérieur. Le gros œuvre demandera quelques reprises au mastic, notamment sous le ventre et le dos du fuselage. La voilure principale doit être corrigée au niveau des saumons qu'il faut reprendre par ponçage léger pour rectifier les courbes pas assez rondes. L'ensemble n'est pas facile à ajuster au fuselage tout en veillant au dièdre positif général. Idem pour les empennages, de dièdre nul, et des 2 dérives dont la documentation sera d'une utilité précieuse pour les points exacts de fixation des pièces. Les moteurs, assez fidèles à l'extérieur, sont réduits au minimum pour la mécanique intérieure. Il suffira de peindre entièrement en noir les capots internes pour faire correctement illusion au final. Les couronnes frontales sont légèrement trop larges et doivent être rognées soigneusement d'un coté par rapport à l'alignement sur leur capot respectif. Le train tricycle, caractéristique de la machine, n'est pas une partie de plaisir… Si les 2 roulettes arrières, simples de conception, ne posent pas de difficulté, l'énorme roue avant est en revanche un véritable casse tête !. Il faut procéder par ordre pour ajuster au mieux les divers vérins et tiges de rétraction, tout en respectant à peu près l'orientation du mécanisme. Le deuxième problème sera de positionner l'ensemble dans la trappe, non sans retailler légèrement les bases pour faire rentrer le tout au bon endroit. A noter aussi qu'il faut impérativement remplacer le carénage frontal (pièce 25), trop étroit et impossible à encastrer sur la jambe principale. La solution est de fabriquer une autre pièce en feuille métallique et carte plastique courbée sur le manche d'un outil afin d'obtenir l'aspect réaliste de la tôle. L'insertion sur la roue est parfaite et on y ajoute ensuite sur l'avant 2 biellettes en fil de cuivre mis en forme puis fixées à la colle cyanoacrylate. Les hélices, fournies avec pales séparées, sont assez laborieuses à mettre en place. Il faut équiper les 2 cônes par une rondelle supplémentaire de plastique collée en face interne pour créer davantage d'espace avec les moteurs. Le canon arrière, déformé et trop fragile au niveau du fût, est refait avec un morceau de tige métallique en conservant toutefois le pare flammes d'origine, greffé à son extrémité. L'ensemble ne sera collé en place qu'en fin de décoration de la maquette. Planet models ne propose que la position de tir déployée et il faudra bricoler la pièce si l'on désire présenter l'arme abaissée dans son logement (rainure du fuselage arrière). Des vitrages thermoformés, on n'utilise que la verrière principale du cockpit, la petite bulle du nez, la fenêtre ventrale et la calotte basculante du poste canonnier. Les plus courageux pourront ouvrir le panneau droit du cockpit à condition de découper au préalable la partie inférieure de la portière dans le demi fuselage droit. En position close, on peut, par souci de réalisme, ajouter à cet endroit cet aspect de partie mobile par un simple bandeau d'adhésif aluminium équipé d'une poignée d'ouverture en étiré. Tous ces vitrages sont délicats à insérer et le Kristal Klear sera ici d'un grand secours pour finaliser les joints au coton tige humidifié. On termine le montage par la confection du tube Pitot spécifique situé sur l'aile gauche, avec du tube fin métallique et de la carte plastique en s'aidant de la documentation. Enfin, la porte triangulaire d'accès à bord par l'arrière est fixée en position ouverte, évitant ainsi une fermeture aléatoire de la pièce sur le fuselage. Pour la décoration, c'est donc le prototype (Appareil n°1) ayant volé à Villacoublay qui est représenté. L'avion est censé porter une livrée entièrement en gris « Artillerie », teinte assez énigmatique d'apparence gris bleuté clair et pourtant présente sur certains blindés (B1 Bis notamment) de l'époque. Le choix du « Light ghost grey » TS 26 en aérosol de Tamiya est assez approprié ici. Cette teinte est très couvrante dés les premières pulvérisations et d'une finition irréprochable. Il faudra trouver une correspondance par mélange approximatif pour les retouches finales au pinceau fin comme les montants des verrières et quelques trappes de visite, par exemple. Les photos de la machine montrent aussi des nacelles moteurs et des cônes d'hélices d'aspect métallique. Ils sont donc peints au pinceau à l'aluminium brillant Humbrol 27002, du plus bel effet. Les couronnes arrière des capots apparaissent en plus sombre et peuvent être interprétées par du métal brûlé (H 186 + H 53) diffusé en lavis transparent sur les surfaces concernées en suivant la gravure. Le gros carénage du train avant peut être, soit en gris artillerie extérieur, soit en aluminium naturel, au choix. Les pales d'hélices sont en noir mat avec des lisérés jaunes en bout ; un détail à peine visible mais bien là sur les clichés de l'avion réel. Les décalques se bornent aux drapeaux tricolores de dérives et à la numérotation de l'appareil. Il manque les bandeaux nationaux sur les faces internes des dérives qu'il faut compléter à la peinture, de même qu'une bande noire de marche antidérapante sur l'aile droite au niveau de l'accès au cockpit (à la peinture ou en décalque). Pas de patine particulière (mise à part la gravure générale en jus brun foncé). Il vaut mieux présenter la machine dans son « jus » expérimental. Conclusion : Un modèle en demi teinte, pas assez étudié par le fabricant mais perfectible à souhait et plutôt destiné aux monteurs expérimentés. Aucun doute que cette limande ne manquera pas d'attirer l'attention dans une vitrine ou dans les concours !!. Documentation : - « SNCASE SE 100 » Document Air n°4 - Philippe Ricco - Avia Editions.
Texte et montage : Alain Bernhard. Remerciements à TMA pour la fourniture du modèle présenté ici
© A. Bernhard / Modelstories 2007
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