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PLANET MODELS 1/72 Heinkel He P1078B

Planet Model PLT169 1/52 Heinkel He 1078b  (2002)

Voilà un bien curieux projet de rapace nocturne que nous propose le fabricant tchèque.
la configuration de l'appareil est en effet assez exceptionnelle.

Étonnamment, la formule des empennages inversés situés aux extrémités d'une aile volante au dièdre accentué est revenue au premier plan de l'actualité aéronautique au travers de divers projets UAV, puis lorsque Boeing a dévoilé au public son projet Bird of Prey. Il aura fallu soixante ans au géant informatisé américain pour faire le point sur ce que proposaient les ingénieurs allemands.

Le kit en résine est fort bien moulé, sans la moindre bulle en surface. le ponçage des divers joints montrera que la coulée est parfaite également dans la masse, puisque nous ne trouvons pas le désagréable phénomène des grappes de petites bulles cachées directement sous la surface du modèle. Comme il est de coutume avec les maquettes en résine, certaines pièces doivent être séparées de leur base de coulée au cutter ou à la scie de modéliste. La gravure en creux du corps de la machine, fourni d'une pièce, est d'une grande finesse, sans lourdeur, et suffisamment profonde pour ne pas être comblée à la première couche de peinture. Un léger coup de papier de verre fin permet de rendre les bords d'attaque et de fuite bien nets. Un moulage excellent!

Étant donné l'aspect hypothétique de l'appareil, on peut mettre entre parenthèse le véritable nœud: les dimensions du kit. Selon la documentation et les épures de Heinkel conservées, l'engin aurait eu une envergure de 9400 mm et une longueur du nez à la tuyère de 5220 mm. Soit 130,5 mm et 73 mm environ au 1/72e. Or le kit mesure 109 mm x 180 mm. Il serait donc approximativement au ...1/52e!

Un travail de ponçage conséquent est à effectuer pour faire disparaître la marque du moule sur la nacelle d'armement. La gravure doit être ensuite restaurée à la pointe sèche ou d'un léger coup de scie rasoir.

La nacelle du cockpit, elle, nécessite plus d'attention. Dans le but louable d'éviter l'effet de "baignoire" dont sont affligés les postes de pilotage des fuselages en résine moulés d'une pièce, le fabricant fournit une élément à coller en place pour obtenir un cockpit creux. Hélas, l'assemblage est loin d'être précis. Le montage effectué, on découvre un joint énorme. Pour le combler, le mieux est d'y glisser une lamelle de carte plastique. L'aménagement du cockpit est très limité. Les palonniers et le siège avec son harnais sont superbes, le tableau de bord et le stick suffisants, mais il n'y a pas de consoles latérales, pas de structure interne des flancs de cabine, pas d'aménagement derrière le siège, pas de manette des gaz, et, plus étonnant pour un chasseur armé de deux canons... pas de collimateur! L'engin étant supposé être un chasseur de nuit, le tout est en noir anti-reflets.

Tant de manipulations pour si peu. On aurait préféré éviter le massacre de la gravure qui suit quant il faut poncer les vilains joints d'assemblage de la nacelle. Pour coller les petits palonniers en place, il aurait suffi de mouler la casquette du tableau de bord à part...

L'emplacement de la tuyère doit être débarrassé de la marque de la carotte de coulée, puis légèrement limée pour offrir une zone de collage parfaite. Tuyère et entrée d'air ont en commun d'avoir l'air trop petites pour leur emplacement. Un coulée de résine de qualité différente a-t-elle provoqué un rétrécissement des pièces? Mystère. L'entrée d'air est agrandie par le collage d'un feuillet de carte plastique sous sa base, ce qui permet par ponçage de la fondre parfaitement dans la courbe du fuselage. Pour la tuyère, elle a été collée alignée sur le haut du fuselage, le travail de correction du décrochage des formes étant effectué au papier de verre sous le ventre, beaucoup moins visible.

La verrière thermo-formée est fournie en deux exemplaires, précaution devenue heureusement commune chez certains fabricants. Le plastique transparent, suffisamment épais, se taille bien, et en coupant large puis en ajustant progressivement à la lime, on arrive à un très bon résultat. Cela demande cependant un certain doigté.

Le train d'atterrissage est annoncé comme "renforcé". C'est tout à fait vrai, car en coupant la base de coulée du train principal , on rencontre une résistance: une aiguille métallique est noyée dans les jambes de train! Il n'y a donc pas que les japonais qui réfléchissent quand ils conçoivent leur maquette...
Le train avant doit être monté selon un angle curieux qu'il faut respecter. Les puits du train principal sont réalisés avec un souci du détail louable, puisqu'on y observe même une forme concave  qui doit ménager un espace au pneu, inspirée d'autres appareils allemands. Malheureusement, selon les épures du projet de Heinkel, les roues pivotent pour se loger à plat dans le fuselage. Cette tentative d'aménagement interne tombe donc assez mal.

Tout à fait correct par rapport aux épures, mais maladroit de la part de Heinkel, les goulottes des canons sont situées juste à côté du visage du pilote, qui sera forcément ébloui par la lueur du tir. Très embêtant pour un projet de chasseur de nuit.

La décoration est forcément fictive, puisque la machine n'a jamais été produite et utilisée en unité. Elle correspond cependant aux standards des chasseurs de nuit allemands de l'époque, c'est à dire un camouflage de tons de gris au dessus et le ventre noir. La feuille de décalcomanie est fort bien imprimée, et les motifs très fins s'appliquent parfaitement sur une couche de vernis brillant appliquée à l'aérographe. Il n'a même pas été nécessaire d'utiliser additifs et solvants à décals pour que leur pose soit parfaite.
Les seules entorses sont faites à la décoration proposée. Une séparation en vague irrégulière entre le noir et le gris est préférée, et le petit nom "Hildegaarde" dans une typographie alambiquée n'est pas utilisé.

Et voilà un quasi UFO pour votre collection d'armes secrètes.

Remerciements à CRP Modelling Belgique


© Patrick Laurensis / Modelstories 2006